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Socrate, père de la Philosophie

Grégoire Préchac
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2024

Socrate, père de la Philosophie

Socrate Socrate mort

Avant de parler de ses idées, il faut commencer par un petit aparté sur les sources que nous avons de Socrate. Grand dialogueur et penseur, considéré comme un des plus grands philosophes, il n’a pourtant jamais écrit. Ce que nous savons sur lui provient alors majoritairement de deux personnes : Platon et Xénophon, ses disciples. Ces sources se composent alors en dialogue écrits et en paroles rapportées. Ces paroles qui lui sont attribuées sont alors à prendre avec le recul et le regard critique qui leurs sont dues.

Socrate, si l’on en croit Platon dans l’Apologie, aurait choisi sa voie à partir d’une phrase de l’oracle de Delphes (appelée la Pythie), disant qu’il n’y avait pas d’homme plus sage que Socrate.

C’est ainsi qu’a été prononcée une des phrase les plus connues de la Philosophie : “les autres hommes croient savoir quelque chose, alors qu’ils ne savent rien ; mais moi, qui ne sais rien, je crois savoir que je ne sais rien.” (Apologie de Socrate, 21d)

C’est à partir de cette posture que Socrate décide son rôle en tant que penseur : aller parler à ceux qui disent savoir, et confronter leurs pensées en formulant des contre arguments et des expériences de pensées.

Quelles sont donc les pensées fondamentales de Socrate ?

Il n’est pas toujours facile de discerner les pensées de Socrate de celles de Platon, mais pour autant nous pouvons tirer quelques grandes idées de Socrate.

Tout d’abord, Socrate est un Grec, il croit en une harmonie de l’univers ainsi que la correspondance entre les besoins des hommes et la disposition des choses de l’univers.

Les choses sont créées de manière intelligible, l’âme humaine étant intelligible, il semble que l’univers soit organisé de telle sorte que cela permette de correspondre aux besoins humains.

Pour comprendre cela il faut comprendre la notion de finalité (notamment présente chez Aristote en cause finale). En effet pour Socrate, les choses ne sont pas définies par leurs éléments particuliers mais en tant qu’elles dépendent d’un principe qui dirige l’organisation de ces éléments particuliers autour d’une fin (un objectif) et qui unit les êtres (parfaits en soi) par des liens harmoniques.

Ceci est possible par la vision de Socrate de la providence comme créateur et responsable de l’harmonie du cosmos (ou univers).

Un autre aspect important de la vision de Socrate (et de beaucoup de philosophes, notamment antiques) est la vision de l’âme. Socrate considère que l’âme est invisible mais qu’elle nous donne la capacité de juger de nous-même et de maîtriser notre corps (c’est une vision dualiste comme nous verrons plus tard).

Alors, l’âme, reflet de l’intellect et de la providence, participe au Divin
C’est là que la phrase bien connue “connais toi toi-même”, inscrite sur le fronton du temple de Delphes, a un sens plus profond. En effet, se connaître soi-même, c’est reconnaître sa part de divin en soi et donc comprendre que cette partie le rend semblable à Dieu. (l’âme étant une partie du divin, est par essence immortelle).

Maintenant, revenons à la méthode de philosophie par le dialogue de Socrate, appelée la maïeutique. C’est par cette vision de l’harmonie du cosmos et de l’âme que cela révèle tout son sens. La maïeutique ou l’art d’accoucher des idées, est un moyen de réveiller la connaissance innée dans l’âme humaine.

La Science existe dans l’âme à l’état de virtualité, et nous n’avons qu’à réveiller en nous cette connaissance dormante. D’où l’importance de la maïeutique : c’est un moyen de réveiller la connaissance de l’âme chez soi et chez les autres.

Nous avons utilisé le terme de “Science” mais quelle est la Science chez Socrate ?

Le caractère primaire de la Science selon Socrate est d’avoir pour objet l’universel et non le particulier (il faut réaliser l’abstraction et générer des lois générales et non pas regarder les exceptions). Qu’est ce que l’universel ? Ce sont les essences des choses matérielles ou sensibles.

Plus précisément, Socrate considère que le plus important est l’étude de la Science de l’homme et non pas la Science des choses. Le but d’un philosophe est alors la compréhension de l’homme et donc de découvrir l’art de vivre (ou comment mener une vie bonne).

Pour découvrir cet art de vivre il faut faire de la philosophie morale et donc chercher ce qui constitue les vertus.

Pour Socrate, il n’existe pas une multitude de vertus comme le courage ou la justice mais bien une seule vertu : la sagesse. Pourtant la justice ou le courage semblent vertueux, ou en tout cas peu de personnes diraient que d’agir contrairement à la justice serait vertueux. Pourquoi alors considère t’il que la seule vertu est la sagesse ? Et bien pour une raison simple qui est que toutes les autres vertus que l’on peut citer, sont des vertus, en tant qu’elles sont œuvres de la sagesse.

Pour Socrate, la sagesse est la maîtrise de l’âme sur le corps et sur les choses extérieures. Elle constitue le lien d’harmonie entre les hommes ainsi que des hommes avec le cosmos (puisque l’intellect vient de l’âme, elle-même part du cosmos).

Le rôle du philosophe est donc la recherche de la sagesse, la maîtrise de l’âme sur le corps et donc de vivre une vie bonne (car pour Socrate, connaître le bien implique ou est suffisant pour faire le bien).

Les philosophes étant les plus proches de la sagesse, c’est à eux que devrait revenir la direction de l’État.

Voici les principales idées de Socrate, d’autres seront abordées car elles constituent des thèses communes entre Socrate et son disciple Platon, nous allons donc les aborder dans la partie suivante.

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